Choses apprises, choses vues, choses prévues et imprévues :

Avant ce voyage notre connaissance du Cambodge était surtout livresque. Se mêlaient à ce que nous trouvions dans les guides et les ouvrages de géopolitique les souvenirs que nous avions des années 70. Dans les années 80, nous avons suivi, mais de très loin, le peu d'informations qui filtrait sur "l'évaporation" des Khmers Rouges dans les coulisses de l'histoire. Quand un procès pour crime contre l'humanité s'est ouvert dans une totale indifférence et s'est clos sans résultat, nous n'avons pas compris. Aujourd'hui entre révisionnisme et dénonciation nous y voyons un peu plus clair. Nous ne sommes pas des experts. C'est pourquoi nous avons simplement réuni nos observations dans deux pages. "Le pèlerinage d'Anlong Veng" présente les protagonistes de l'épopée Khmer Rouge. "S-21" (page de Phnom Penh) présente leur idéologie.

On met souvent en avant la pauvreté des pays déshérités. Ce n'est pas ce qui nous a le plus frappé au Cambodge. A la surface la vie ne semble pas plus misérable ici que dans certaines provinces de l'Inde ou du Vietnam. Par contre la culture a totalement disparu des esprits. Les monuments sont toujours là mais les guides débitent des banalités qui n'ont rien à voir avec l'identité profonde du pays. Dans les années 70, la génération éduquée a été éliminée. Les 2 générations suivantes ont été laissées dans l'ignorance de ce qui les a précédés. Aujourd'hui les jeunes ont retrouvé le sourire. Ils sont l'avenir mais en ce qui concerne la culture, les Khmers Rouges ont gagné. Ce qui compte ce sont les dollars apportés par les sites archéologiques, pas leur signification.

Parmi les photos ci-dessus vous verrez l'enseigne d'un "restaurant des enfants". C'est une des nombreuses initiatives de prise en charge de la jeunesse cambodgienne. Ce genre d'entreprise s'adresse aux étrangers et on y insiste sur le fait que celui qui vient manger ici participe à un projet qui dépasse l'action de prendre un repas. Voici l'entête du menu d'un de ces restaurants :

Notre plus grand challenge est la formation de notre personnel. Le niveau d'éducation est si bas qu'il est leur est impossible de lire un menu ou de prendre une commande. C'est pourquoi nous faisons des exercices quotidiens pour leur apprendre à recevoir les clients, demander leur choix et les servir sans se tromper. Nous les aidons ainsi à réaliser des tâches utiles pour une carrière professionnelle mais aussi dans leur vie privée en leur apprenant des opérations aussi basiques que mettre la table ou la nettoyer.