La fin du temps maya
A Tonina, une fresque raconte l’histoire de l’univers et de ses 4 époques : l’Epoque du Soleil, l’Epoque du Serpent et la troisième, l’Epoque des Hommes. Selon le calendrier maya l’Epoque des Hommes devait se terminer en l’année 2012 de notre ère et laisser place à la quatrième époque : celle des Quatre Lunes. Ceci provoqua alors, pour ceux qui s’en souviennent, une panique sur le thème de la fin du monde qui tourna en ridicule quelques figures de la haute couture et du show business.

Qu’est-ce qui a provoqué la disparition des Mayas ?

Rien ! Ils sont toujours là. 51% de la population du Guatemala est maya. Ils ont gardé leur culture, leurs langues (23 en tout) et leurs traditions. Pourquoi ont-ils abandonné leurs cités antiques ? Nous allons le voir.

L'abandon des cités
La colonne vertébrale des « grands empires » était la guerre. Celle-ci, et les problèmes de succession ont été la cause de leur éclatement.

Les « cités indépendantes », nées de l’éclatement politique des grands empires se sont construites sur des lieux géographiques bien particuliers où elles pouvaient pratiquer des activités commerciales et être physiquement protégées par le relief local, des plateaux désertiques dans la plupart des cas. Le moindre arrêt du flux commercial provoquait la fin des ressources, de l’alimentation et la fuite de la population.

Les « cités maya » ont pâti des guerres perpétuelles qu’elles se faisaient mais leur abandon tient à une évolution inéluctable de leur milieu. Les Mayas construisaient dans la jungle et leur développement les conduisait à un point où l’accroissement de la population et la déforestation rendait l’approvisionnement de la cité impossible. A la fin du VIIIème siècle, il n'y avait plus un seul arbre dans les 30 km autour de la ville de Copan. Les terres ravinées ne pouvaient plus être cultivées et les inondations se multipliaient. Des révoltes eurent lieu. La population migra vers de nouveaux territoires et, en quelques décennies, la jungle avait recouvert la cité.

La capitulation aztèque
Le mythe de Quetzalcóatl est né à Tula, la capitale des Toltèques. Quetzalcóatl était opposé aux sacrifices humains tandis que son frère, Tezcatlipoca le Guerrier, voulait les imposer. Quetzalcóatl s’immola par le feu et monta au ciel en promettant de revenir un jour. Il devint « l’étoile du matin », Vénus, dont la présence, à l’aube rappelait aux Toltèques la promesse de leur roi. Les sacrifices humains se développèrent et les Aztèques, grands admirateurs des Toltèques se livrèrent au nom de la tradition à de véritables massacres de masse. Quand Cortés débarqua, venant du levant, Moctezuma II, le dernier des Aztèques regarda Vénus. Quetzalcóatl était de retour.

Comment une poignée d’Espagnols a-t-elle pu, en une seule campagne, abattre un empire évalué à dix millions d’âmes, dont cent mille pour la seule capitale ?

Les Aztèques régnaient sur des peuples asservis qui leur servaient de « viviers » pour les sacrifices humains. Ils entretenaient également une guerre perpétuelle, appelée joliment « guerre fleurie » avec leurs voisins de Tlaxcala et de Huexotzinco qui leur fournissait des prisonniers pour les sacrifices. Dans leur marche conquérante, les Espagnols, et leurs alliés indigènes, sont allés droit au but. Les Aztèques, ont mené une guerre de collecte de prisonniers, des milliers de prisonniers, à sacrifier pour obtenir des dieux la protection de leur monarque. Trop tard ! Celui-ci était déjà entre les mains de Cortés.

...et Mel Gibson dans tout cela.
Nous n’avons pas manqué de poser la question à chaque fois que l’occasion se présentait. A notre grande surprise, elle n’est jamais apparue incongrue à nos interlocuteurs. Apocalypto, le film de Mel Gibson, n’est pas à jeter aux orties, il est même hautement considéré pour sa description du monde maya et de ses rituels. Les scènes où les prisonniers sont convoyés attachés, courbés sous de longs madriers de bois, celles où les têtes sont jetées du haut des pyramides, les charniers, les prêtres, tout cela est remarquable de précision. Cependant, alors que l’exactitude documentaire est valable, l’exactitude historique est contestable. Les Mayas décrits dans le film sont ceux de l’époque classique, l’an 800, et il est impossible que la course folle dans la jungle du futur sacrifié se termine avec l’arrivée des Espagnols qui a eu lieu 700 ans plus tard.

Un autre scénario aurait été possible et on le trouve dans l’ouvrage de Juan Miguel Aguilera, El lugar de la garza blanca. Ce récit historique se déroule à l’époque de la Guerre fleurie et commence avec l’arrivée d’un ambassadeur Aztèque dans une tribu maya en déclin retournée à la vie dans la jungle. Il apporte en cadeau, des armes afin que ceux-ci puissent livrer au peuple dominant une guerre honorable. Cette guerre a donc lieu et les Aztèques, bien sûr victorieux, acheminent les prisonniers destinés aux sacrifices jusqu’à la capitale. Tout aussi détaillé, tout aussi documenté, que le film Apocalypto, ce livre à l’avantage d’être historiquement exact. Il se situe dans les années 1500 et on est témoin du délitement inéluctable de l’empire Aztèque dû à ses propres tensions. Les Espagnols n’apparaissent qu’en filigrane sous forme de rumeurs, de craintes, de prophéties et d’un objet magique, un miroir, qu’un marchand a rapporté de la côte Atlantique. L’auteur nous évite l’apparition rédemptrice d’une caravelle apportant la lumière au peuple païen... ça c’est du Mel Gibson.