Le jeu de balle est l’élément commun à toutes les civilisations précolombiennes d’Amérique Centrale. Sa naissance remonte à 2000 ans avant JC. Décliné sous de multiples formes, avec des règles et des rituels parfois très différents, il a, pendant plus de 3000 ans, été au centre de la vie sociale, religieuse et politique des cités.

Le nombre de joueurs et le but du jeu varient. Il y a toujours deux équipes de 1 à 12 joueurs, parfois plus. Le jeu lui-même est souvent symbolique. Il peut illustrer la lutte entre le bien et le mal, les ténèbres et la lumière, la vie et la mort. Le but des joueurs est toujours de jouer au mieux de leurs possibilités mais rien ne dit qu’ils aient eu l’option de gagner ou de perdre. Il est fort probable que, selon le scénario du jeu, on leur ait attribué au départ le rôle des gagnants ou des perdants. A la fin du jeu une équipe était sacrifiée mais rien ne permet de savoir s’il s’agissait de celle des gagnants ou celle des perdants.
Le jeu de pelote était toujours lié à la religion. Dans certains cas le jeu avait un but divinatoire. On posait une question aux dieux et l’issue de la partie en donnait la réponse. Le sacrifice d’une des équipes était un remerciement à la divinité. Chez les Mayas l’enclos du terrain était fait de pieux sur lesquels les têtes des sacrifiés étaient fichées.


Chichen Itza
Le corps du serpent court le long des murs du jeu de pelote.

A Xochicalco
Tlachtemalacatls écroulés au milieu du terrain de jeu.

A Tonina
Sculptures représentant des nobles de Copan et de Palenque sacrifiés ici.


Les terrains peuvent avoir une forme de H ou de I. Ils peuvent être petits ou gigantesques (soixante-dix mètres par cent soixante-huit pour un des terrains de Chichen Itza). Ils sont souvent entourés de murs plus ou moins inclinés ou totalement verticaux. Ils peuvent avoir des anneaux (les tlachtemalacatls) et des tribunes, soit au-dessus, soit sur les côtés soit en bout de terrain.
Les joueurs se faisaient face de part et d’autre d’une ligne centrale au-dessus de laquelle ils devaient se renvoyer la balle sans que celle-ci ne touche terre. Ils pouvaient utiliser les genoux, les coudes, les hanches ou les fesses. Tout contact avec les mains ou les pieds était interdit. Il semblerait que le but était de toujours viser les anneaux placés sur les murs latéraux, chaque trajectoire symbolisant la course du soleil. Une balle touchant le sol représentait une chute dans le monde des ténèbres. L’étude de la taille des balles, des trous des anneaux et de leur position semble exclure que la balle ait pu passer dans l’anneau.
La balle pesait 3kg. C'était une boule compacte de caoutchouc, substance divine pour les peuples de la jungle. Pour se protéger des chocs, les joueurs étaient équipés de protections aux coudes, aux genoux, à la ceinture et à la tête. Certaines représentations montrent que le jeu était parfois pratiqué avec des bâtons.

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En étudiant les civilisations méso-américaines on constate que, d’un peuple à l’autre, d’une époque à l’autre, d’une ville à l’autre, tout peut changer dans le jeu de balle. La taille des terrains, leur nombre, leur forme, le nombre de joueurs, les règles. Une seule chose est immuable. Le jeu de balle est au centre de la vie de la cité. Au moment de l’arrivée des conquistadors espagnols l’empereur Moctezuma II exigeait des peuples qu'il avait asservis le paiement annuel de 16000 balles de caoutchouc destinées aux jeux.