LES SACRIFICES

Avec les jeux de balle, les sacrifices humains sont présents dans toutes les civilisations précolombiennes. Le motif était souvent religieux. A chaque divinité correspondait un rite particulier : les sacrifiés avaient le cœur arraché pour que le Soleil se lève chaque matin, les enfants étaient noyés pour que les pluies soient abondantes. Le deuxième mois du calendrier aztèque était appelé Tlacaxipehualiztli : "le mois de l’écorchement des hommes". Pendant ce mois, des victimes étaient égorgées puis écorchées en l’honneur de Xipe Totec : le dieu du renouveau de la végétation. Les peaux étaient portées par les prêtres pendant les rituels de fertilité qui suivaient les sacrifices. Les crânes des victimes étaient exposés par centaines sur les tzompantlis.


Au sommet de la pyramide
Les sacrifiés sont évicérés et décapités

Les têtes dévallent les escaliers
et sont plantées sur les tzompantlis.

Chez les Aztèques
Les corps sont découpés et mangés.

A quoi servaient vraiment les sacrifices ?
Les rites de fertilité qui consistaient à immoler des centaines d’enfants peuvent faire douter de la nature profonde des sacrifices humains mais, si on considère les choses d’un point de vue global, il n’y a peut-être pas là de paradoxe. Les villes précolombiennes étaient surpeuplées et les nobles savaient parfaitement qu'au delà d'une certaine taille la survie de leur cité était en péril. La guerre entre les cités (qui étaient dirigées par les membres d’une même caste) était un mode de régulation. Les sacrifices humains permettaient de faire accepter ces guerres par le peuple, d’abord par la terreur qu’ils entretenaient, ensuite parce que les victimes venaient toujours de la cité voisine, enfin parce que les sacrificateurs protégeaient la population d’un destin semblable qui pouvait leur être infligé par les cités rivales.

Des chiffres qui donnent le vertige.
Les Aztèques ont étendu la pratique du sacrifice humain à un niveau sans précédent. Cortés estimait à 4000 le nombre de sacrifiés par an. Pour célébrer la rénovation du Templo Mayor de Tenochtitlan, en 1487, on avance le chiffre de 80400 captifs immolés en quatre jours. Ceci n’est pas sans poser un problème... de logistique. Qu’advient-il de 80400 corps dépecés jetés à la base des pyramides ? Les Mayas avaient d’immenses charniers. Les Aztèques découpaient les corps qui étaient distribués comme nourriture. Les crânes, la peau et certaines autres parties étaient utilisés comme parures.

Comment sacrifiait-on ?
Les méthodes de sacrifice étaient variées, pendaison, crémation, noyade, mais la forme la plus fréquente était l’arrachage du cœur de la victime vivante à l'aide d'un couteau d'obsidienne ou de silex. Le supplicié était placé sur le techcatl, la pierre sacrificielle. Le cœur était brandi par le prêtre ou lancé vers un symbole du dieu auquel était dédié le sacrifice. Il pouvait aussi servir à décorer l’effigie du dieu ou être déposé dans un cuauhxicalli, le «réceptacle de l'aigle», pour que le dieu puisse le manger. Nombre de bas-reliefs représentent un aigle mangeant le cœur des victimes mais on ne sait pas qui le mangeait dans la réalité. Par contre il est établi que le sang était bu par les nobles et les prêtres. La tête était séparée du corps et lancée dans les escaliers pour être fichée sur les pieux du tzompantli, la clôture qui entourait la pyramide, où ils restaient jusqu’à ce que les chairs soient putréfiées. Des artistes modelaient de petites statuettes représentant les victimes. C’est grâce à celles-ci que l’on sait que de nombreux Espagnols ont été capturés, décapités et mangés par les Aztèques en 1520. La même année, les artistes ont représenté 480 hommes, femmes et enfants noirs : des esclaves amenés des Caraïbes par les Espagnols, eux aussi mangés. En tout 15000 statuettes furent découvertes dans les ruines de l’ancienne cité de Zultepec où l’incident eut lieu.