Nuong Chea : Premier ministre et président de l'assemblée du Kampuchéa Démocratique. Son titre de « Frère numéro 2 » (Pol Pop étant le Frère numéro 1) le place au sommet de l'organigramme Khmer Rouge.

~~~
De son vrai nom Long Bunruot et d'origine sino-khmère, Nuong Chea est né le 7 juillet 1926 dans le village de Voat Kor, une localité de la province de Battambang. Dans les années 1940, alors que sa province avait été annexée par la Thaïlande, il étudie à l'université de Bangkok.

De 1945 à 1948, il travaille au ministère des Affaires Etrangères de Thaïlande. Il débute alors ses activités politiques en rejoignant le parti communiste thaïlandais. En 1951, il revient au Cambodge et il participe à la création du Parti Révolutionnaire du Peuple du Kampuchéa (PRPK) où il est responsable du département de la propagande. En septembre 1960, il est élu secrétaire général adjoint du PRPK, renommé Parti des Travailleurs du Kampuchea, puis rebaptisé, en 1966, Parti Communiste du Kampuchea.

De 1970 à 1975, Nuong Chea sera Vice-Président du Haut Commandement Militaire des Forces Armées Populaires de Libération Nationale du Kampuchéa (FAPLNK) ainsi que chef de la Direction Politique.

Le 17 avril 1975, les Khmers Rouges s'emparent du pouvoir à Phnom Penh. Le 9 octobre 1975, Nuong Chea devient « Frère numéro 2 » au Comité permanent du Comité Central. Personnage clef du régime, il va formater l'année zéro de la nouvelle ère cambodgienne. Il est en charge du travail, du bien-être social, de la culture, de la propagande, de l'éducation formelle et du "travail de conscience" qui doit retirer toute trace de culture de l'esprit des nouveaux citoyens. Il deviendra Premier Ministre du Kampuchéa Démocratique, puis Président de l'Assemblée et chef de la sécurité.

Après l'invasion vietnamienne (1979) Nuong Chea s'exile dans les montagnes du nord. La retraite des Khmers Rouges dans leurs terres d'origine a été rendue possible par la géo-politique de l'époque. La libération du Cambodge par le Vietnam a été vue comme une invasion par la Chine qui lui a immédiatement déclaré la guerre et a envahi le Vietnam du nord. Le fief des Khmers Rouges était une zone revendiquée par la Thaïlande, monarchie qui n'appréciait guère l'éviction de la famille régnante de Sihanouk. Les Américains favorisaient tout ce qui pouvait freiner l'expansion du Vietnam et de ses alliés russes. Surtout, les très influents intellectuels français soutenaient les Khmers Rouges. Il fallut attendre que le Vietnam se retire du Cambodge pour que l'ONU pense que, peut-être, des crimes contre l'humanité y avaient été commis.

A la mort de Pol Pot, à Anlong Veng, le 15 avril 1998, Nuong Chea devient le plus haut responsable du régime. Il se rend à la suite d'un accord passé avec le gouvernement en place. Il donne une conférence de presse et déclare «Nous sommes vraiment désolés, pas seulement pour les hommes, mais aussi pour les animaux qui ont souffert pendant la guerre». Ces mots de repentance lui valent l'abandon de toute poursuite en guise de réconciliation mais provoquent un tollé international. Il est finalement condamné à la prison à vie. Au moment où ces lignes sont écrites il vit en résidence surveillée.