Ieng Thirith « Camarade Phea » aussi appelée « Première dame » : Ministre des affaires sociales, vice ministre de l’éducation et de la jeunesse et directrice de la Croix Rouge du Kampuchéa Démocratique.
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Khieu Thirith (Khieu étant le nom de jeune fille) est née le 10 mars 1932 dans la province de Battambang, elle était la seconde fille d’une famille aisée. Son père était juge.

En 1949, elle part à Paris avec son fiancé, un certain à Ieng Sary, pour étudier la littérature anglaise à la Sorbonne et est la première personne de nationalité cambodgienne à obtenir un diplôme dans ce domaine.

En 1951, Khieu Thirith épouse Ieng Sary à la mairie du 15e arrondissement de Paris et prend de nom de Madame Ieng Thirith. Quelque temps plus tard, sa sœur aînée, Khieu Ponnary, se marie avec Pol Pot. Thirith retourne au Cambodge en 1957. En 1960, elle fonde l’Institut supérieur khméro-anglais dont elle devient proviseur.

Quand, en 1970, le général Lon Nol profite d'un voyage en Chine de Norodom Sihanouk pour le renverser, elle rejoint le monarque à Pékin. Sihanouk la nomme vice ministre de l'Education et de la jeunesse du gouvernement en exil. Elle prendra ensuite la responsabilité de la radio du Front d’Union Nationale du Kampuchéa. Elle diffuse « l’appel des 91 Intellectuels » qui affirme que les ennemis du peuple les plus dangereux sont les communistes vietnamiens.

A la prise du pouvoir par les Khmers Rouges en 1975, Thirith ajoute à son poste de vice ministre de l’Éducation et de la Jeunesse, la direction de la Croix Rouge du Kampuchéa démocratique. De plus, en tant qu'épouse d'Ieng Sary, devenu ministre des affaires étrangères, elle met à profit ses connaissances des langues et ses contacts pour recevoir les délégations internationales. Elle est alors chargée de la gestion des hôpitaux et de la diffusion des médicaments à travers le pays. Lors de ses visites sur le terrain elle mène campagne contre les agents infiltrés dans le parti qui sont responsables des conditions désastreuses de vie de la population. Ceci marque le début du cycle des "purges" chez les Khmers Rouges.

Après la chute du régime en 1979, elle garde son poste et en septembre 1982 elle est nommée secrétaire générale du ministère des Affaires étrangères du mouvement Khmer Rouge replié dans les maquis à la frontière thaïlandaise. Les Khmers Rouges conservaient alors le siège de représentant du Cambodge auprès de l'ONU ce qui fait que, dans les années 1980, elle fut l’interlocutrice privilégiée et obligatoire des ONG et du Comité International de la Croix Rouge, le CICR, chargé de l'aide humanitaire à la résistance khmère après l’invasion du Cambodge par les Vietnamiens.

Elle vécut avec son mari, entre leur résidence de Païlin, proche de la frontière thaïlandaise, et leur luxueuse villa de Phnom Penh jusqu'au 12 novembre 2007, date à laquelle ils furent arrêtés. On reprocha à Ieng Thirith d’avoir organisé la «planification, direction, coordination de purges massives et l’homicide de membres du personnel du Ministère des Affaires sociales» mais, le 17 novembre 2011, les juges la déclarèrent inapte à un procès en raison de son état médical. Elle mourut le 22 août 2015, à l’âge de 83 ans.