Khieu Samphân : Président du Kampuchéa Démocratique de 1976 à 1979. Pol Pot est le leader du mouvement mais Khieu Samphân en est le théoricien et l'organisateur suprême.
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Khieu Samphân est né le 27 juillet 1931 à Svay Rieng. Il est le fils d'un magistrat local. Il est scolarisé à Phnom Penh dans le même lycée que Pol Pop. A la différence de son futur chef c'est un brillant élève et il décroche, en 1953, une bourse pour aller étudier en France. En 1955, il obtient une licence à l'université de Montpellier puis monte à Paris où il adhère au PCF, il prend la présidence du Cercle des Etudiants Marxistes mais fréquente aussi Jacques Vergès qui l'initie à la pensée de Mao.

De retour au Cambodge en 1959, il est proposé par Sihanouk pour occuper au parlement le poste de secrétaire d'état. Le souverain veut ainsi équilibrer son gouvernement entre droite et gauche mais aussi préparer le terrain pour un rapprochement avec la Chine.

En mars 1970, profitant d'une visite du souverain à Pekin, le général Lon Nol prend le pouvoir et Sihanouk lance un appel à partir de la capitale chinoise demandant à tous les Cambodgiens de prendre le maquis et de rallier le Front Uni National du Kampuchéa qu'il vient de créer. Khieu Samphân le rejoint immédiatement et apporte le renfort des paysans de sa région. Sihanouk le nomme ministre de la défense. Quand les Khmers Rouges prennent définitivement le pouvoir en 1976, on le retrouve Président du Kampuchéa Démocratique.

L'invasion vietnamienne qui met fin au régime des Khmers Rouges en 1979 (et déclenche incidemment la guerre entre le Vietnam et la Chine) marque le déclin de Khieu Samphân mais pas sa fin. En 1980, les Chinois lui proposent de reprendre contact avec Norodom Sihanouk. Les pourparlers entre les deux anciens alliés sont difficiles mais déboucheront le 22 juin 1982 sur la création d'un gouvernement de coalition dont Khieu Samphân est vice-premier ministre chargé des affaires étrangères. En 1989, il représente le Kampuchéa Démocratique lors de la conférence internationale sur le Cambodge, organisée à Paris.

Il publie ses mémoires en 2004 mais est arrêté pour crime contre l'humanité en 2007. Son procès s'ouvre à Phnom Penh le 27 juin 2011. Il est défendu par Jacques Vergès et condamné à la prison à perpétuité. Jacques Vergès meurt en 2013. Au moment où ces lignes sont écrites Khieu Samphân vit toujours en résidence surveillée.