Ieng Sary : Vice-Premier ministre et Ministre des affaires étrangères du Kampuchéa démocratique de 1976 à 1979.
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Ieng Sary est né le 24 octobre 1925 à Loeung Va, bourgade khmère dans la province de Trà Vinh alors en Cochinchine, le Vietnam actuel. Il termine ses études primaires en 1942 et rejoint son frère aîné à Phnom Penh où il fonde le « Mouvement des étudiants pour la libération du Cambodge du colonialisme français ».

En 1949, il fait la connaissance de Pol Pot et des sœurs Khieu Ponnary et Khieu Thirith, filles d’un magistrat cambodgien, qui deviendront leurs épouses respectives.

Ieng Sary et Pol Pot étudient ensemble à Paris dans les années 1950. Le premier apprenait les sciences politiques, d’abord au lycée Condorcet, puis à l’IEP, alors que le second suivait des cours d’électricité. Les deux hommes se lient avec les intellectuels de gauche français et suivent les formations de l’Université Populaire du Parti Communiste Français. L'année suivante, Khieu Tirith et Ieng Sary se marient à la mairie du 15e arrondissement de Paris et Sary s’inscrit au PCF. Le couple rentre au Cambodge en 1957.

En août 1971, Ieng Sary est à Pékin où il entre au Gouvernement royal d'union nationale du Kampuchéa créé par Norodom Sihanouk. Il reste en Chine où il occupe les fonctions de financier chargé notamment de collecter les fonds chinois.

Après la prise du pouvoir des Khmers Rouges en 1975, Sary lança un appel radiodiffusé aux expatriés, les enjoignant de rentrer au pays pour participer à sa reconstruction. Ceux qui le firent furent envoyés dès leur arrivée dans les centres de torture pour en extraire des informations. Il était alors un des six membres du comité central. Le 9 octobre 1975, il fut nommé à la tête des affaires étrangères. Il atteignit alors le rang de « Frère numéro 3 ».

L'arrivée des Vietnamiens, en 1979, le voit prendre la fuite vers le sanctuaire du nord avec les autres dignitaires Khmers Rouges.

En août 1996, il négocie une amnistie en échange de la reddition des unités qu’il dirigeait et de leur intégration dans l’armée royale. L’accord est finalisé le 14 septembre 1996 avec le pardon officiel du roi Norodom Sihanouk. Il obtient, en plus, le droit de continuer à administrer son fief de Pailin transformé pour l’occasion en municipalité autonome. Il profitera alors des revenus tirés de l’exploitation des forêts de bois précieux et des mines de rubis et de saphirs de son domaine pour amasser une fortune conséquente. Au début des années 2000, il décide de se retirer dans sa luxueuse villa de Phnom Penh tout en gardant un pied à terre dans son fief du nord.

Le 12 novembre 2007, et malgré la grâce dont ils bénéficiaient, Ieng Sary et son épouse furent arrêtés sur ordre des tribunaux cambodgiens et inculpés de crime contre l'humanité. Ils avaient toutefois pris la précaution de faire inscrire l’intégralité de leurs biens au nom de leurs enfants afin de présenter des ressources insuffisantes pour couvrir leurs frais de justice et de bénéficier de leur prise en charge par les instances judiciaires. En raison des protections dont il disposait, la procédure traîna. Sa mort, le 14 mars 2013, mit fin aux enquêtes et supprima la possibilité de tout jugement.